Le scoutisme haïtien à la croisée des chemins : entre désillusion et renaissance
Après plus d’une décennie de gouvernance contestée, l’Association Nationale des Scouts d’Haïti traverse une période charnière. L’ère du changement promise il y a quelques années a vite laissé place à la désillusion. Aujourd’hui pourtant, un souffle nouveau semble renaître au cœur du mouvement. Retour sur une période trouble et sur les promesses d’un renouveau tant attendu.
Ann Pale Eskout
10/27/20252 min lire


Le rêve brisé du renouveau
Lorsque le nouveau Délégué National prit ses fonctions au sein du Bureau National de l’Association, de nombreux animateurs/trices et bénévoles y virent la fin d’un cycle marqué par les divisions et les pratiques contestées. Son arrivée devait symboliser un retour à la transparence, à la concertation et à l’esprit de fraternité qui fait la fierté du scoutisme haïtien.
Mais très vite, les espoirs se sont effondrés.
Au lieu de s’appuyer sur le projet collectif que prônait l'équipe qui l'avait soutenu, le nouveau dirigeant s’est enfermé dans une logique solitaire, écartant ses alliés les plus sincères. Les décisions ont commencé à se prendre dans un cercle restreint, sans concertation, sans transparence, et sans respect pour les valeurs participatives du mouvement.
Ce qui devait être un projet collectif s’est transformé en une gouvernance personnelle, où un seul homme décidait, orientait et contrôlait.
Une institution affaiblie par le pouvoir personnel
Sous ce modèle de direction autoritaire, l’institution a lentement perdu son âme.
La voix des structures locales s’est éteinte. Le conseil et l'exécutif se sont vus réduits à de simples formalités. La créativité, la liberté d’expression et l’esprit d’équipe ont cédé la place à la peur, au silence et à la méfiance.
Les décisions semblaient émaner d’un seul centre, d’une seule pensée, au détriment de la diversité et de la richesse collective du mouvement.
Ce système, fondé sur le contrôle plutôt que la confiance, a fini par éloigner de nombreux jeunes et animateurs/trices expérimentés. Le scoutisme, pourtant école de démocratie et d’humilité, s’est vu réduit à une structure administrative sans âme ni inspiration.
Le vent du changement
Mais l’histoire a ses tournants, et le scoutisme haïtien a su, une fois de plus, répondre à l’appel du renouveau.
Lors des dernières élections, une nouvelle génération de leaders a émergé.
Des hommes et des femmes issus “de l’autre monde” — celui de la transparence, de la responsabilité et du progrès — ont décidé de prendre leurs responsabilités face à la dérive.
Cette nouvelle équipe ne cherche pas à prolonger les anciens schémas. Elle s’engage à rebâtir sur des fondations solides : la collégialité, la participation, la rigueur éthique et la fidélité aux valeurs scoutes.
Leur mission n’est pas de régner, mais de servir. Non pas de dominer, mais d’unir.
Une renaissance attendue
Aujourd’hui, le scoutisme haïtien entre dans une phase cruciale de son histoire.
Le temps est venu de tourner la page des querelles internes, des ambitions personnelles et des divisions stériles. Il s’agit désormais de reconstruire une organisation exemplaire, ouverte, inspirante et au service de la jeunesse.
Les défis sont nombreux, mais l’espoir renaît.
La fraternité reprend ses droits. La transparence redevient une exigence.
Et la promesse scoute retrouve tout son sens : servir, être loyal, et bâtir un monde meilleur.
“Le vrai chef n’est pas celui qui impose, mais celui qui élève.”
Par la Rédaction du Bulletin Ann Pale Eskout
Lumière, Vérité, Service.
